Une trêve de courte durée
Mon arrivée aurait dû arrangé la situation familiale. Finalement, rien na changé. Et le naturel reprend vite le dessus. Lappel de la bouteille se fit plus fort. Je ne pouvais pas lutter. Et mon arrivée fut très bien arrosée ! Malgré tout, ma mère voit en moi un moyen de pouvoir mettre mon père hors jeu. Comme il na pas tenu sa parole, alors il sera puni. Lenfant tant voulu par mon paternel ne lui « appartiendra » jamais. Alors ma mère mentoure de tout son amour et toute son affection. Ce nest pas bien difficile puisque mon père était souvent absent de la maison à cause de son travail (conducteur de train). Et lorsquil était à la maison, il était tout aussi absent car il dormait tout le temps. Il ne fallait jamais faire de bruit, pour ne pas le réveiller. Sans ça, son humeur était épouvantable et ma mère préférait ne pas lavoir sur le dos. Ne pas faire de bruit, parler à voix basse. Ne pas pouvoir regarder la télé, ne pas pouvoir jouer dans le salon. Beaucoup trop de contraintes à respecter lorsque lon est enfant. Notre vie a toujours été une vie privée de lessentiel. Nous avions un semblant de vie familiale. Nous ne sortions que très rarement. Et je men apercevais à l école lorsque jentendais les autres enfants raconter leurs week-ends ou leurs vacances. Alors lorsque nous allions au cinéma ou tout simplement faire une promenade, cétait un grand privilège que nous accordait notre père. Je me souviens, une journée dété (je devais avoir 4 ou 5 ans à lépoque), en rentrant du travail, il nous fit, ma sur et moi, la promesse nous emmener à la piscine dans laprès-midi. Chose formidable que navions jamais fait. Rare moment à partager avec lui. Jétais tout excité. Il alla se coucher. Mais comme dhabitude, une promesse non tenue. Je compris vite que je ne pourrais jamais lui faire confiance. Très vite, je compris que ce père était un étranger pour moi. Pourtant, il maimait à sa manière. Tout petit, il me ramenait souvent de petits cadeaux, comme des petites voitures ou des figurines. Mais ce père me faisait peur parfois. Car il ne buvait pas régulièrement mais par période. Lété était la période où il était le plus souvent ivre. Au point de tomber et de ne plus pouvoir se relever. La première fois où je lai réalisé, il était allongé dans les escaliers. Je suivais ma mère inquiète et innocemment je demandais « Pourquoi Papa y dort ? ». Plus tard, ses scènes meffrayaient, même si elles étaient assez rares. Car si il nétait pas violent en temps normal, ses réactions était imprévisibles. Ma sur en fît les frais un soir. Elle se prit une gifle, sans aucune raison. Ma mère, dans ses moments, nous faisait mangé avant et nous envoyait dans nos chambres. Et dans ses moments, ma mère se retrouvait seule face à lui.
Et moi, dans ma chambre, silencieux, pétrifié, attentif au moindre bruit, je me disais déjà que cet homme ne pouvait pas être mon père